dimanche 5 septembre 2010

Servir ou se servir

Le sujet est d’actualité et je ne pouvais passer à côté. Autrement, on m’aurait accusé de dormir au gaz. Dormir au gaz de schiste, évidemment. Le sujet est d’ailleurs incontournable depuis le nouvel emploi de l’ancien chef de cabinet du ministère du Développement économique. Si on peut appeler ancien chef de cabinet un gars qui démissionne le vendredi pour entrer dans ses nouvelles fonctions le lundi suivant. Vous imaginez! Même pas une p’tite semaine de vacances entre les deux. Ou bien ce n’était pas payant avant ou bien ce l’est beaucoup plus après…

Mais avant de parler du gars, je crois qu’il faut parler des gars. Oui!, les gars. Lui, l’autre, elle, vous et moi. On a beau dire ce qu’on voudra, si on veut que nos voitures avancent, si on veut que nos maisons soient chaudes l’hiver, si on veut que les industries tournent à plein régime pour créer de l’emploi et y travailler, que l’on aime ou non, pollution ou non, il en faut de l’énergie.

Qu’elle soit électrique, bitumineuse, fossile ou gazeuse, il faut bien qu’elle vienne de quelque part cette énergie. On peut bien sûr souhaiter qu’elle vienne de l’autre bout du monde afin de ne pas polluer NOTRE environnement, mais est-ce réaliste? C’est comme vouloir plus de service de l’état tout en payant moins d’impôt. Un moment donné, l’équation ne balance plus. Alors tôt ou tard, comme bien d’autres, nous Québécois auront à faire notre part pour que le pétrole coule à flot dans nos bagnoles. Vroum! Vroum! Vroum!

À noter que le problème que pose le gaz de schiste n’est pas l’exploration ou l’exploitation. Non!, le problème du gaz de schiste en est un de distribution. Distribution non pas dans le sens de comment, mais bien dans le sens de qui. Dans le sens de qui va le distribuer! Qui? Rien de surprenant comme question. C’est l’instinct de survie à son meilleur. Comme on dit, au plus fort la poche. Parce qu’entre nous, le gaz de schiste, il y a de quoi s’en mettre plein les poches. Mais là n’est pas le problème non plus puisqu’on est dans une économie de marché.

Le problème du gaz de schiste, c’est lorsqu’on a l’impression que l’économie de marché risque d’être biaisée. Et c’est là qu’on pense au gars du début. Stéphane Gosselin, dit qu’il a consulté le commissaire à l’éthique du gouvernement pour savoir s’il peut passer de chef de cabinet à directeur général de l’Association des producteurs de pétrole et de gaz du Québec. Je comprends son inquiétude, mais au lieu d’aller voir le commissaire, peut-être aurait-il été plus sage d’utiliser une autre approche. La meilleure que je connaisse, surtout dans les cas d’éthique, est le raisonnement suivant : Si tu as des doutes sur ce que tu fais, c’est que tes doutes sont fondés.

Une autre façon de clarifier le doute pour les gens issus de la politique est de se poser une question : Pourquoi moi? Pourquoi Stéphane Gosselin a-t-il été choisi? Pourquoi lui et pourquoi pas un autre? Parce qu’il a une compétence particulière? Il lit dans les pensées des gens? Ou bien son nouvel employeur a estimé qu’il avait un bon réseau de contacts au sein du gouvernement? Réseau qui évidemment, pourra faire avancer le dossier du gaz de schiste dans les officines gouvernementales.

Je veux bien croire qu’un gars à le droit de gagner sa vie. Je suis même d’accord avec le fait qu’il peut désirer améliorer sa situation financière. Il peut aussi avoir le goût de relever de nouveaux défis. J’admets que pour s’épanouir, il faut changer d’emploi de temps en autre. Mais cela dit, il faut comprendre qu’aller en politique, ce n’est pas juste une job comme une autre.

Aller en politique, c’est se mettre au service de la population. Aller en politique, c’est agir pour le meilleur intérêt de nos concitoyens. Aller en politique, c’est aussi être en contact avec des gens qui ont des intérêts personnels. Des intérêts personnels qui parfois, peuvent aller à l’encontre des intérêts collectifs. Intérêts personnels ou collectifs, c’est un perpétuel débat auquel on est confronté lorsqu’on va en politique.

Lorsqu’on entre en politique, il faut comprendre la différence entre un intérêt personnel et un intérêt collectif. Et lorsqu’on sort de la politique, il faut avoir compris la différence entre servir et se servir.

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